Tour de France 2008
Jero Hajewski
Décidément, la météo n'est plus ce qu'elle était....

 

Samedi 2 Août :

Rassemblement prévu à Niort


Partant de Breuil-Barret (85) , nous avons moins de 40 min. de vol mais le temps est pourri, nuages bas, peu de visibilité... Raisonnables et décidés, nous allons nous inscrire... en voiture !  et nous partirons en vol, demain,  depuis le Breuil-Barret .  A l'accueil, vers 16heures,  il manque encore 58 machines sur les 135 prévues, beaucoup sont arrivées sur remorque. Le briefing de 19h n'est pas optimiste quant aux conditions du lendemain matin.

Dimanche 3 Août:  Niort - St Junien – St Laurent du Médoc
Ce matin pas d'amélioration sensible, et patiemment, d'heure en heure nous consultons les cartes météo, les grains s'espacent et vers 16h00 nous pouvons enfin décoller depuis notre base pour une directe plein sud vers St Laurent du Médoc. Nous quittons très vite le temps maussade  au niveau de Niort  et le vol se déroule fort bien, à droite, vue sur la côte atlantique à env.  20 km, on aperçoit « Fort Boyard »  et nous arrivons sur Saintes puis contournement de la ZIT de la centrale du Blayais, nous traversons la majestueuse Gironde, un spectacle ! puis le vignoble de Pauillac et St Laurent est en vue. Nous avions prévenu l'organisation de notre départ tardif mais nous sommes néanmoins très attendus lorsque nous posons les roues sur ce beau terrain du Médoc.  L'ensemble des participants ont fait la directe, la demi-étape de St Junien a été shuntée.  Installation de la tente, ravitaillement, briefing etc. , le tour est enfin démarré.

Lundi 4 Août :


St Laurent du Médoc – Lagleygeolle – Ussel

 

Départ plutôt matinal, temps gris,  à destination de  Lagleygeolle, une piste de montagne qui nous a été présentée hier par son propriétaire, un première pour nous ! Nous quittons assez vite les Côtes de Blaye pour les vallonnements du

Périgord, le paysage est un régal à nos yeux , La nouvelle piste de Brive, en construction est à quelques km de notre halte. Arrivés sur place c'est un ballet d'une dizaine de machines tournant dans le circuit de Lagleygeolle, le contrôleur me demande d'aller faire un petit tour avant de réintégrer le circuit. Les villages alentours sont magnifiques....

Maintenant dans le circuit, concentré pour un attéro type altisurface qui se passe bien malgré un petit coup de vent dans les dernières secondes , désaxant la machine, heureusement  il y avait du moteur pour remise en axe .. un peu chaud quand même ! 
Encore une base idyllique , en plein cœur de la nature, le rêve du pilote ... Nous prenons notre temps pour apprécier l'accueil des membres du Club et regarder la suite des atterros, certains n’ont pas insisté, d’autres si ! Le sol est arrivé un peu trop vite pour un pendulaire,… cassé mais pas de bobo.

On décolle pour Ussel , une ballade de 90 km toujours dans les paysages de petite montagne tellement jolis où les zones vachables sont comptées…heureux d’arriver à Ussel.

Mardi 5 Août :

 

Ussel – Feurs – Doucier

Il fait très beau, le Puy de Sancy sera notre premier objectif .

Dès le décollage nous maintenons une montée constante afin

d’atteindre le sommet sans forcer le Rotax 582, les pentes succèdent aux plateaux et c’est à  environ 7000 pieds que nous effectuons un très large 360° au dessus de ce site fabuleux, il est 10 h30 du matin l’air est calme … continuation par une verticale Issoire, direction les monts du Forez où des strato-cumulus barrent les crêtes nous obligeant à chercher un passage à bonne distance entre le sol et les nuages-aspirateurs. 
Puis descente , la vallée de la Loire est vite là avec le terrain accueillant de Feurs que nous avions déjà connu l’an passé lors d’un tour privé. Malgré ce temps idéal et toutes les recommandations du directeur des vols, on apprend qu’un multiaxe s’est crashé au sommet d’une montagne : P92 explosé, pas de bobo, il faut le faire ! Un autogyre en panne électrique s’est vaché avec un peu de mécanique tordue, un pendulaire en panne d’essence a reçu l’assistance de l’hélico !
Il fait beau à Feurs, encore difficile de quitter ce lieu reposant. Décollage vers Doucier, une ballade sans problème à travers Beaujolais, Dombes, Bresse et enfin le Jura avec ces plis boisés entrecoupés de larges plateaux.  Toutes les machines trouvent place sur la piste privée où la famille Putod nous reçoit avec enthousiasme. Produits du terroir, soirée musicale, une belle manière de clore cette superbe journée.

Mercredi 6 Août : Ce devait être la journée de repos
L’arrivée prévue d’un front froid sur la France  oblige l’organisation à modifier ses plans : il faut quitter au plus vite la région montagneuse au risque de rester bloqués. La journée de repos se transforme en journée de vol vers Belfort Chaux avec l’objectif d’être à Châtillon sur Seine le soir.Le vol du matin sur le Jura est magnifique, les cluses , la région d’Arbois, Château Salins, la Franche Comté, Besançon c’est super !  Arrivée à Belfort Chaux avec sa double piste, permettant d’écouler les atterrissages parallèlement, multis à gauche, penduls à droite, bien vu, la sécurité en est renforcée ! La machine ingurgite son essence, à nous les sandwichs !Les consignes sont données pour la deuxième partie de la journée, contournement des militaires de  Luxeuil par le sud de Vesoul. Décollage : il fait chaud, nous sommes  derrière un  Hermes  qui a du mal à monter, il nous semble que notre pendulaire vole à la même vitesse…puis cela va mieux , le multiaxe s’élève enfin ! Quelques 10 min plus tard quelque chose se passe sur la radio du Tour : un pépin au décollage! plus grave… le drame !! La voix du pilote hélico annonce le décès des  deux membres de l’équipage ………Nous sommes abasourdis, je pilote mais totalement décontenancé et mal à l’aise par ce drame, Thérèse est choquée également , on essaye de s’imaginer comment cela a pu se produire et de se demander si cela vaut la peine de continuer …est-ce la fin du Tour ? Nous reprenons nos esprits et  à l’évidence, nous ne pouvons plus grand chose à cette fatalité : il faut continuer à piloter avec concentration afin d‘être à Châtillon ce soir. La soirée empreinte de tristesse, sera simple en mémoire de nos deux collègues disparus.

Jeudi 7 Août :

 

Repos à Châtillon sur Seine

Nos machines sont bien arrimées, le vent prévu est bien là, mais pas de tempête ou d’orage violent. La journée est mise à profit pour découvrir cette sympathique bourgade, le terrain est tout près de la ville, églises, musées, restaurant, et la journée de repos et vite passée …Le briefing du soir nous annonce encore une météo incertaine, venteuse,  pour le lendemain…. Sécurisation des machines et des tentes à nouveau. 

Vendredi 8 Août : Rien ne va plus ….
Le matin, on observe des rafales à ne pas mettre un ULM dehors !! Dans l’après-midi il est décidé de raccourcir le périple en filant directement à Romorantin où nous sommes attendus, il y a au moins 30 à 35 km/h de vent, un essai préalable, fait par Louis Collardeau en pendulaire, démontre qu’il y a de gros risques….inutile d’en rajouter !  On se ré-installe pour une troisième nuit sur le terrain de Châtillon.

Samedi 9 Août : Retour à Niort au plus vite

Il n’y a pas d’autre solution. Réservoir plein à ras bord. Après un posé à Briare, contrôle du niveau, puis traversée la Sologne en scrutant toutes les vaches possibles …. nous rejoignons Romorantin  vers midi. Meaux et la Ferme de la Braudière sont les étapes shuntées , dommage … Pique-nique, pas trop de temps à perdre, avant de décoller nous annonçons notre déroutement vers Breuil-Barret Airport où nous arrivons sans encombre vers 18h, machine « posée, pas cassée et rangée » dans le hangar. Nous rejoignons Niort en voiture afin d’être présents à la soirée de clôture de ce Tour 2008, évidemment durant cette soirée le souvenir de nos deux disparus a été intensément ressenti, moments difficiles pour tous mais ô combien plus pénibles encore pour les proches.

Enfin le 13ème Tour ULM organisé par la FFPLUM a vécu … c’était notre 5ème participation. On parle déjà du prochain qui devrait traverser le Channel afin de commémorer le centenaire de la traversée de Blériot.

Commentaires : Le circuit du tour a été tronqué du fait des mauvaises conditions météo. Avec l'aide de NAVI, logiciel de navigation GPS, des données précises sont récupérées, permettant d’analyser à postériori, chaque tronçon parcouru,  pour notre part, Le Tour s'est soldé par un total de seulement 1640 km parcourus au lieu des 2100 prévus. Nous avons essayé de voler économique, (coût de l’essence oblige) consommation moyenne avérée : 16 l/h.

Pour cela, nous n’avons jamais utiliser la position « lièvre » sur le trim mais surtout le neutre et plutôt vers « tortue » . La vitesse moteur généralement inférieure à 5000 t/min. Quelques fois obligés de passer au-dessus de 5000 t/min pour passer les sommets, les cols ou les turbulences.

Jéro Hajewski
ULM SEDAN.FR
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